Le très bel ensemble architectural du lycée du Bellay présente un imposant bâtiment des 17 et 18ème siècles aux proportions équilibrées précédé d’un cloître, entre l’église St Serge de style gothique angevin et des adjonctions ultérieures. Le plan général du bâtiment, la salle capitulaire, le réfectoire (actuel CDI), le grand escalier, témoignent à côté de l’église abbatiale (devenue église St Serge) de ce que fut cette grande abbaye.
Le lycée vu du ciel dans les années 1960
Abbaye du 7ème siècle jusqu’à la Révolution, marquée en particulier par la présence des bénédictins, St Serge d’Angers connut au long de son histoire bien des vicissitudes : combats, ruines, pillages, usurpations des domaines, abandon du monastère, prospérité: ses riches bénéfices furent souvent convoités.
Le destin de l’abbaye fut ébranlé par la Révolution. St Serge devint alors dépôt d’œuvres d’art, puis « société de santé » (c’est-à-dire dispensaire), avant d’accueillir de 1806 à 1906 le grand Séminaire d’Angers auquel on doit l’ajout d’une aile en 1840 et de la chapelle en 1895.
Après la séparation de l’Eglise et de l’Etat la nouvelle aile accueillit la Caisse des dépôts et consignations. Pendant la Première Guerre Mondiale, St Serge fut centre d’accueil de réfugiés et hôpital.
Le Grand Séminaire à la fin du XIX° siècle
En 1913 s’était ouvert à Angers, rue Tarin, un Cours secondaire de jeunes filles, pour ne pas laisser attendre davantage les familles républicaines soucieuses de l’instruction de leurs filles. Ce cours regroupait 70 élèves au total. C’est en 1929 que les 250 élèves de ce qui était devenu le Collège de jeunes filles vinrent s’établir dans l’ancienne abbaye, achetée par la ville d’Angers, restaurée et agrandie par la construction d’une nouvelle aile destinée aux salles de classes (aujourd’hui détruite). En 1934, le Collège de jeunes filles devint le Collège Joachim du Bellay.
Tenue néo-grecque pour la classe de gymnastique dans les années 1930
Lors de l’occupation nazie, les locaux furent en grande partie occupés par les troupes d’occupation, dans des conditions de cohabitation très difficiles, jusqu’en octobre 1943. Le collège dut alorsse réfugier à l’Ecole normale des garçons, rue de la Juiverie (devenue rue Anne Frank). En 1943, la directrice, Marie Talet, 4 professeurs et l’économe du lycée furent arrêtées et déportées pour « esprit anti allemand du personnel se révélant dans l’enseignement ». Un monument érigé sous le cloître appelle à honorer la mémoire de Marie Talet, Anne-Marie Baudin et Marthe Mourbel, mortes en camp de concentration. Une plaque rappelle le souvenir des enseignantes et des élèves du lycée juives ou résistantes victimes du nazisme.
Anne-Marie Baudin | Marie Talet | Marthe Mourbel |
En 1946, le collège devint Lycée de jeunes filles Joachim du Bellay. Il s’agrandit : annexion des locaux affectés à la Caisse des Dépôts et Consignations, construction d’un gymnase (aujourd’hui détruit) et du bâtiment scientifique sur l’avenue Marie Talet (1960).
Classe de 1ère en 1944-1945
En 1987, on inaugure le Lycée rénové et le nouveau bâtiment sur la rue de Buffon, et en 2004 la maison des lycéens dans une aile du cloître.
Au long de son histoire, le Lycée du Bellay s’est transformé : le Collège de jeunes filles est devenu Lycée de jeunes filles, Lycée mixte d’état, enfin Lycée polyvalent mixte. De 70 élèves en 1913 l’effectif a atteint un temps 1540 pour se stabiliser aux environs de 1200. Les classes primaires ont disparu, puis les classes du premier cycle ; de nouvelles sections ou options ont été ouvertes : arts plastiques, musique, russe, arabe, sciences et technologies de gestion, section européenne, histoire des arts, ainsi que des classes préparatoires aux grandes écoles de commerce et une section BTS management des unités commerciales.
Cet historique est inspiré de l’ouvrage « Des Cours Secondaires au Lycée Européen, le Lycée Joachim du Bellay d’Angers » par Marie-Louise Triollet et Micheline Neveu, anciens professeurs.
On peut se procurer ce livre au CDI.